3.05.2016

Dites-moi que je suis différente

Si vous faîtes partis de ces personnes qui se sont toujours sentis à part, en décalage avec le monde qui nous entoure, alors cet article est fait pour vous. Pour tous ceux qui se disent « non mais c’est le principe, tout le monde se sent différent, c’est pour ça qu’on est tous pareil » cet article peut également vous êtres utiles même s’il vous exaspérera sûrement.



Depuis que je suis née, ou si vous préférez, depuis aussi longtemps que remontent mes premiers souvenirs, je me suis sentie différente. Comme si la conscience que j’avais de moi était différente de celle que les autres enfants avaient d’eux-mêmes. Parfois, il m’arrivait de penser qu’il y avait un petit dysfonctionnement dans mon cerveau, qui faisait que tout était mélangé est que des partis étaient adultes et d’autres encore enfants. J’avais alors hâte de grandir pour que tout redevienne normal, j’avais aussi hâte de grandir pour que les adultes me prennent au sérieux. Parce que je rêvais de pouvoir communiquer avec eux. Ces parties adultes de moi avaient besoin d’eux, je me sentais emprisonnée avec tous ces enfants qui montraient quelquefois un total décalage avec ma manière de penser. 

Bien sûr, ce n’était pas quelque chose qui me hantais constamment et je passais de bons moments avec les autres enfants et avec des adultes, mais quelques fois, quand j’étais assez proche d’eux, je leur confiais mon impression. Je leur disais que je me sentais différente, et que je ne savais pas exactement pourquoi. Et ce fût toujours la même réponse qui est venue à moi. « Ne t’inquiète pas, tout le monde se sent différent, mais tu es tout à fait normal ». Au début, ça me rassurais d’entendre ça, je me disais qu’ils avaient raison, tout le monde devait se sentir unique. J’aimais bien qu’on me dise que j’étais normale, ça faisait taire mes pensées.

Et puis en grandissant, c’est devenu l’enfer. « Ne t’inquiète pas, tout le monde se sent différent, mais tu es tout à fait normal ». Je suis devenus adolescente, l’école m’amusait un peu moins, on préfère avec l’arrivée du collège, les groupes d’amis, l’apparence que l’on a, ce qu’on renvoie aux autres. J’étais parfaitement normale, comme ça, quand on me voyait, j’étais dans le groupe des populaires, j’avais des vêtements à la mode, je commençais à porter du maquillage… Je me sentais assez bien, je me sentais comme les autres. Mais derrière cette apparence, dans mon groupe d’amis, je n’arrivais pas à pleinement m’intégrer, parce que je parlais le moins possible, pour être sûr de ne pas dire de choses bizarres, qui nous font passer dans la case des gens bizarres ( cette fameuse case qu’il fallait éviter si l’on voulait passer de belles années au collège ). Je ne parlais pas, mais le soir, dans mon lit, je pleurais, sans trop savoir pourquoi. Puis à force de pleurer, encore et encore, j’ai fini par ne plus avoir peur de la mort. En fait, chaque soir, je l’attendais, j’espérais qu’elle apparaisse de nul part, sans aller la chercher, car j'étais trop peureuse pour ça, j’attendais qu’elle vienne me recueillir pour m’amener dans un endroit où je ne pleurerais plus. Un autre monde, mieux, parce que celui-ci ne semblait pas être pour moi. Les rares fois où je reposais cette question « est-ce que je suis normale ? » Dans l’espoir qu’on me rassure encore une fois, pour que ça aille mieux, la fameuse réponse apparaissait désormais comme un coup de poing.

J’avais envie de leur crier à la figure que je me sentais comme un hamster qu’on aurait mis dans un aquarium par mégarde par un maître peu attentif. J’avais l’impression que les poissons n’avaient rien remarquer, et que moi, du coup, pensais être comme eux. Sauf que contrairement à eux, j’étais obligée de remonter à la surface pour survivre, mon corps semblait inadapté pour nager, je n’avais pas l’impression de leur ressembler, mais eux, me disaient que si. Ils ne remarquaient pas ma différence, et moi je mourrais lentement en manquant d’oxygène.

J’ai fini par trouver d’autres poissons, plus originaux que les autres, souffrant aussi d’une certaine différence, avec qui je me suis sentie mieux. C’était chouette, j’ai commencé à être heureuse, je me suis sentie comme eux. Les années ont passé et finalement, j’ai doucement compris que même si tout semblait aller bien, c’était là quelque part, ça ne disparaît pas, c’était toujours autant difficile pour moi de respirer.

Et puis un jour, j'ai rencontré un autre hamster. On était deux. Peut-être que deux sur terre, mais au moins, j’ai su que j’étais normale, pour de vrai cette fois-ci, même si c’était à travers ses yeux uniquement. Parce que j’étais comme lui. Nos chemins ont fini par se séparer, et je suis rentré en école d’art, parce que là-bas, au moins, je savais qu’à défaut de trouver un autre hamster, il y aurait sûrement plein de poissons bizarres. Et c’était le cas, et c’était même des poissons vachement chouettes. Mais un été, j’ai dû m’éloigner d’eux pour aller travailler dans ma ville où j’ai passé mon enfance. Les poissons chouettes avaient disparu pour laisser place aux vieux poissons que je connaissais déjà, ces poissons ennuyeux et qui semblaient si différents de moi. C’était trop, j’avais enfin compris que les poissons, aussi originaux soient-ils, n’avaient rien à voir avec moi. C’était plus possible de croire ça, de vivre dans un leurre, il fallait que je sache la vérité, que je comprenne qui je suis. Il était temps de connaître et d’accepter ma véritable identité.

Aujourd’hui, je sais enfin qui je suis, je suis ce qu’on appelle une personne HQI, mais j’aurais pût être pleins d’autres choses qui ne sont pas forcément connues… J’ai rencontré plein d’autres hamsters et autres animaux, et aujourd’hui, je sais que je suis différente pour beaucoup, parce que les poissons sont les plus fréquents. Mais aux yeux d’un hamster, je suis comme lui. Donc non, s’il vous plaît, ne faites plus croire aux autres qu'ils sont comme vous, même si c'est votre ami, votre partenaire ou votre enfant. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire